Le torrent d'Armancette draine un bassin versant de 7,3 km² sur le flanc Ouest du massif du Mont Blanc. D’une longueur de 5,5 kilomètres, il a une pente moyenne de 45 %. De nombreuses crues sont relevées dans les archives, les plus importantes étant celles de 1944, 1964, 1989, 1990 et bien sûr celle du 22 août 2005 dont il est question dans ce web-documentaire.
Cette dernière crue apparaît comme la plus importante connue à ce jour : 160 000 m³ de matériaux ont été déposés sur le cône de déjection du torrent par différentes « bouffées » successives de laves torrentielles. Ces « bouffées » étaient particulièrement impressionnantes et des blocs de plus de 100 m³ (260 tonnes) ont été transportés par le torrent. Les dépôts de matériaux ont conduit à des débordements qui ont atteint les bâtiments les plus proches du lit du torrent. En regard de l'ampleur du phénomène, les dégâts ont été relativement limités mais il est apparu que plusieurs constructions auraient pu être beaucoup plus sérieusement touchées. Le pont de la RD 902 a été totalement obstrué et endommagé partiellement. Au droit du pont les dépôts de matériaux étaient supérieurs à 5 mètres !
L'épisode du 22 août 2005 ne correspond pas seulement à un orage isolé mais s'inscrit dans un phénomène de retour d'Est qui a intéressé l'ensemble des Alpes et notamment - pour la France - le massif de Belledonne. La région des Contamines a reçu durant la période allant du 18 au 22 août, 109.4 mm de pluie. Les précipitations sur le bassin versant de l'Armancette sont restées cependant très localisées car aucun des torrents voisins n'a subi de forte crue lors de cet épisode. Elles ont de plus été très fortes sur les hauteurs du massif mais peu dans la vallée, dans le village des contamines, et la crue a donc surpris tout le monde.
Le torrent de l’Armancette est un multi-récidiviste. Les deux crues de 1964 étaient, selon les études réalisées, très proches de celle de 2005. Elles sont ainsi décrites par le service RTM de Haute-Savoie :
Crue de grande ampleur avec débordement massif sur la route (sur 300 mètres de longueur). Le volume apporté sera de 60 à 80 000 m³ avec des blocs atteignant 50 m³. Crue de moindre importance le 30 août remblayant partiellement les curages réalisés à la suite de la crue de juillet.
16 et 17 septembre 1964
Nouvelle crue avec engravement sur une hauteur de 10 mètres. Apport de blocs de 80 m³. Recouvrement de la chaussée sur 200 mètres de longueur. Lac de 500 mètres de longueur dans le Bonnant dont le lit se serait engravé de 5 mètres. En aval du confluent, les dépôts et les divagations ont menacé les fondations de deux habitations et de la RN 202.
Le volume des apports solides serait de 100 à 120 000 m³. Les matériaux alors apportés n'auraient été curés que très partiellement. Le déplacement de la RN 202 en rive gauche est alors envisagé. A l'issue de ces crues, des débordements importants se sont produits en rive gauche en direction du Cugnon, des terrains - aujourd'hui construits - ayant été atteints.
Dépôts observés lors de la 2ème crue de 1964. Report sur orthophoto IGN 2004 des photos aériennes obliques du RTM de 1964 (source : RTM 74).
Dépôts observés lors de la crue de 2005. Report sur orthophoto IGN 2004 du levé RTM de 2005 (source : RTM 74).
Selon les spécialistes, une crue encore plus forte que celle de 2005 est possible dans l’Armancette : un volume de 250 000 m³ est ainsi envisagé pour une crue centennale !
Des digues de grande hauteur ont été construites sur les deux berges à titre provisoire après la crue du 22 Août 2005. Elles limitent les risques d'étalement du dépôt mais majorent de plusieurs mètres l'épaisseur des dépôts potentiels et donc les risques de débordement en cas de nouvelles crues. Actuellement différentes mesures de protection sont toujours à l’étude pour protéger efficacement les habitations du cône de déjection d’une crue centennale.
Le Merdaret est un petit ruisseau affluent de l’Herbasse au nord du département de la Drôme. D’une longueur d’environ 10 km il s’écoule dans une plaine agricole avant de traverser le centre-ville de Saint-Donat et de rejoindre l’Herbasse. Le Merdaret a un caractère temporaire dans son secteur amont, c'est-à-dire qu’il est « à sec » une partie de l’année. Sa dynamique est fortement influencée par les nombreuses combes affluentes qui lessivent les coteaux et sont à l’origine d’un charriage très important de sédiments sableux lors des crues.
Le centre historique de Saint-Donat est bâti à l’abri des crues du Merdaret comme le montre bien le cadastre Napoléonien établi au milieu du 19è siècle. Petit à petit, la ville s’est développée et a rattrapé le cours d’eau. Aujourd’hui, les maisons le bordent de part et d’autre limitant trop fortement sa capacité hydraulique : dans certains secteurs du centre ville, elle est inférieure à la crue décennale (période de retour de 10 ans).
Des inondations importantes ont eu lieu en 1917 et 1930 (1,5 m d’eau dans la ville). Elles ont laissé peu de trace dans la mémoire des habitants. Certains d’entre eux nous ont parlé d’une plaque qui existait encore il y a quelques temps sur un bâtiment du bas de la ville et qui indiquait le niveau atteint par la crue de 1930. Ce bâtiment a aujourd’hui disparu.
La crue du 6 septembre 2008, très violente et soudaine (1,5 m d’eau dans la ville également), apparaît donc comme la dernière crue majeure survenue dans le Merdaret depuis bien longtemps. Elle a causé des dégâts très importants aux habitations et aux commerces de la rue principale. L’école primaire Louis Aragon a aussi été touchée (cave et local chaufferie totalement submergés par la boue. Préfabriqués sous 30 cm d’eau et cour envahie par la boue).
La crue du 6 septembre est intervenue après plusieurs gros orages les jours précédents qui avaient déjà provoqué quelques petites inondations. Le cumul des précipitations sur 4 jour apparaît exceptionnel :
Le débit du Merdaret comme celui de son voisin, la Limone, qui a submergé le quartier de Cabaret Neuf sur la commune de Charmes-sur-l’Herbasse, était proche de la crue centennale le 6 septembre 2008. En revanche, le débit de l’Herbasse est resté inférieur, proche d’une période de retour de 60 ans.
Face à la violence des évènements climatiques de septembre 2008 et aux dégâts occasionnés, le Syndicat Intercommunal d'Aménagement du Bassin de l'Herbasse (SIABH) a fait réaliser une expertise post-crue afin de réaliser les travaux nécessaires à la protection de Saint-Donat contre les crues du Merdaret et de Cabaret Neuf contre les crues de la Limone. Le projet retenu, consiste pour Saint-Donat, dans la réalisation de 2 bassins écrêteurs de crue (de 10900 et 64500 m³) en amont de Saint-Donat et divers aménagements dans le tronçon urbain du Merdaret. Ces projets ont été récemment soumis à enquête publique.
Le Gier est un affluent direct du Rhône qui draine un bassin versant de 425 km² au sud du département de la Loire. Il s’écoule sur une longueur de 40 km entre le massif du Pilat au Sud et les Monts du Lyonnais au Nord.
Le fond de vallée est très urbanisé en raison du développement industriel précoce qu’a connu le secteur dès le XVIIIème siècle. Cette industrialisation a eu pour conséquence de nombreux recalibrages du Gier qui a été à maintes reprises modifié dans son tracé et dans son fonctionnement pour satisfaire les besoins humains.
Les deux grands ouvrages de transport, la ligne ferroviaire Lyon Saint-Etienne construite au XIXème siècle et l’autoroute A47 aménagée dans les années 1960, ont eu un fort impact sur la dynamique du cours d’eau et l’inondabilité de la vallée. Leur construction a provoqué la rectification forcée du Gier, par la suppression de la quasi-totalité de ses méandres et les zones d’expansions potentielles du cours d’eau ont été restreintes (source : contrat de rivière Gier 2013-2019). Dans la commune de Rive de Gier, la rivière présente la particularité d’être couverte dans la traversée du centre ville.
Le Gier a connu tout au long de son histoire des crues importantes comme en témoignent les recherches historiques réalisées sur le sujet (voir l’étude hydraulique de 2010 de la DDT de la Loire qui reprend des éléments de l’ouvrage de Roland Fournel et Anne-Marie Masson intitulé : « Le Gier : une rivière et des hommes. Crues et ponts à Rive-de-Gier »). La connaissance de ces phénomènes passés nous apprend que les deux dernières crues importantes du Gier ne sont pas « exceptionnelles ». Celle du 2 décembre 2003, d’un débit de 305m³/s, a une période de retour de 45 ans environ. Celle du 2 novembre 2008, dont le débit était inférieur (295m³/s) mais qui a causé beaucoup plus de dégât (elle a envahi le centre ville contrairement à celle de 2003) a une période de retour de l’ordre de 35 ans.
La crue du 2 novembre 2008 est intervenue après un automne pluvieux qui a conduit à une saturation des sols en eau. Le 1er novembre, les précipitations ont commencé vers 15h00 et se sont renforcées vers 17h00. Il s’est agit de la remontée d’un phénomène de type cévenol qui s’est étendu au delà de ses limites géographiques habituelles et qui a produit des pluies importantes de manière localisée, donc difficile à prévoir. Les départements de la Loire et du Rhône étaient alors en vigilance météorologique « jaune ». Les premières inondations sont apparues en ville dans la nuit du 1er au 2 novembre, vers 0h30. La crue a atteint son pic vers 2h30. Entre 80 cm et 2 mètres d'eau ont submergé la ville. De nombreux bâtiments et structures ont alors été durement touchés : cinéma, conservatoire de musique, centre technique municipal, médiathèque, immeubles privés… Vers 5h00 la décrue laissait aux habitants un spectacle de désolation.
Des rivières descendant des monts du Lyonnais et du Beaujolais, l’Allier et la Loire dans la plaine du Forez ont aussi connu d’importants débordements le 2 novembre. Au total des dizaines de communes réparties sur les départements de l’Ardèche, la Haute-Loire, la Loire, le Rhône, l’Allier, la Nièvre et la Saône-et-Loire ont été reconnues en état de catastrophes naturelles.