Essayer de comprendre une inondation c’est un peu comme reconstruire un puzzle. Personne n’a été averti au même moment, certains sont restés quelques temps à un endroit puis on été appelés ailleurs, d’autres étaient bloqués et n’avaient qu’une vue partielle de ce qui se passait.
Nous voulions au départ travailler sur la question du temps. Décortiquer la temporalité de ces crues pour essayer de mieux les comprendre. Qu’est-ce que veut dire « rapide » finalement ? 5 mn ? 30 mn ? 2 heures ? 8 heures ? Combien de temps entre le début de la montée des eaux et les premiers débordements ? Entre les premiers débordements et le maximum de l’inondation ? A-t-on été pris de court, subi l’événement, qu’a-t-on pu mettre en place ? Nous n’y sommes arrivés que partiellement et il aurait probablement fallu interroger plus de personnes et recouper plus de témoignages pour y arriver totalement. D’autant qu’à partir des premiers débordements, l’urgence fait que la notion du temps se perd parfois.
Nous avons alors essayé de voir en quoi ces crues se distinguaient les unes des autres. C’était là aussi un exercice délicat tant elles ont de points communs. Nous avons choisi, pour les caractériser, des termes qui revenaient régulièrement au cours des entretiens. La « puissance » pour le torrent de l’Armancette, compte tenu de la taille des blocs charriés. La « rapidité » pour le ruisseau du Merdaret, compte tenu de la « vague » qui a envahi la rue principale en quelques minutes. La « surprise » pour le Gier, compte tenu de la vigilance météorologique jaune en cours et des précipitations peu impressionnantes dans la commune de Rive-de-Gier elle-même. Mais ne nous y trompons pas, les titres des trois premiers chapitres auraient pu être intervertis sans que cela ne choque personne. La « puissance » pourrait très bien convenir au Gier ou au Merdaret compte tenu des vitesses du courant, des voitures transportées, des dégâts occasionnés. La « surprise » pourrait très bien convenir à l’Armancette compte tenu, là aussi, de la vigilance jaune en cours et des faibles précipitations dans la commune des Contamines elle-même. La « rapidité » pourrait très bien aussi lui convenir compte tenu de la vitesse des bouffées de laves torrentielles. Bref, après avoir tenter de les démarquer, il nous semblait aussi important d’essayer de leur donner du lien. Les trois derniers chapitres, beaucoup plus courts, mêlent donc des interviews réalisées dans les trois communes sur des thèmes largement partagés.
Au final c’est, à notre sens, un web documentaire un peu bancal que nous vous proposons ici. Bancal comme les événements qu’il relate. Il nous donne à voir quelques fragments d’une réalité que l’on croit bien souvent réservée à d’autres. Il tente d’exprimer haut et fort que non, ça n’arrive malheureusement pas qu’aux autres, et que oui, il vaut mieux y être correctement préparé. Dans la région Rhône-Alpes, 1 867 communes sont soumises au risque inondation.