« 900 ans face aux avalanches » c’est l’histoire d’une petite vallée qui nous ouvre les portes du massif de la Lauzière en Savoie. C’est l’histoire des cinq hameaux de Celliers, cernés par les couloirs d’avalanches et qui auraient pu être désertés à tout jamais. L’histoire d’une forêt qui renaît de ses cendres grâce à la volonté de quelques forestiers tenaces. D’une route, sans cesse coupée, et aujourd’hui presque complètement sécurisée. C’est finalement l’histoire d’hommes et de femmes qui se battent pour faire vivre ce territoire sauvage et préservé.
Pendant des centaines d’années, les habitants de Celliers ont vécu en autarcie tout l’hiver durant, en raison des risques d’avalanches omniprésents qui menaçaient la route d’accès au village et les liaisons entre les différents hameaux. Les réserves de nourritures étaient faite avant l’hiver et on ne se déplaçait pour voir les voisins que quand les conditions le permettaient.
Ce mode de vie est complètement remis en cause à partir des années 50, quand les premières usines voient le jour, au fond de la vallée de la Tarentaise. Les habitants de Celliers y trouvent en effet un emploi à l’année, ce qui les oblige à se déplacer quotidiennement en hiver. Les avalanches deviennent alors un véritable problème et beaucoup d’habitants décident de partir, accélérant ainsi l’exode rural commencé quelques années plus tôt. D’environ 170 habitants permanents dans les années 60, Celliers passe à moins d’une cinquantaine deux décennies plus tard.
Au cours de la même période, le service des Eaux et Forêts engage des travaux importants de reboisements pour « éteindre » les couloirs d’avalanches, sécuriser la route et contribuer ainsi à lutter contre l’exode rural qui touche la vallée. D’échecs en succès, d’essais en réussites, les travaux de reboisement paravalanches poursuivis par le service de Restauration des Terrains en Montagne permettent de limiter les risques dans de nombreux couloirs. Mais les exigences de sécurité sont de plus en plus grandes et c’est au tour du conseil Départemental de la Savoie d’apporter son appui à la sécurisation de la route. Au début des années 2000, 7 gazex sont ainsi installés, 7 canons déclencheurs d’avalanches qui permettent de purger les pentes régulièrement et d’éviter les phénomènes de grosses avalanches qui continuaient de toucher la route.
L’histoire de Celliers, c’est donc à la fois celle d’une adaptation séculaire de l’homme à son environnement et aux éléments naturels qui le composent, et l’histoire d’une lutte acharnée contre ces mêmes éléments naturels, devenus incompatibles avec le mode de vie « moderne ». On peut être nostalgique d’un temps où l’homme savait composer avec la nature et ne pas forcément vouloir lui faire face, s’y opposer. Mais il faut garder à l’esprit que si la lutte contre les avalanches n’avait pas été engagée, il n’y aurait peut-être plus aucun habitant permanent à Celliers aujourd’hui. Juste quelques résidences secondaires pour passer l’été. Or, en plein exode rural, alors que tout le monde fuyait, de nouveaux habitants sont venus s’installer à Celliers et participer aux travaux de reboisements paravalanches. Ils ont contribué ainsi, aux côtés des forestiers et des quelques habitants qui avaient fait le choix de rester, à maintenir la vie au village.
Ce film ne cherche donc pas seulement à décrire la manière dont il a été possible de réimplanter une forêt dans des conditions difficiles, ni à décrire précisément les techniques de luttes contre les avalanches. Il se veut une rencontre, une tentative de cerner l’âme de ce territoire, d’en explorer les différentes facettes. Et finalement de comprendre ce qui relie les hommes à lui.